Incursion des armées étrangères au Nord-Kivu : haro d’une Congolaise
Un penseur et philosophe avait écrit cette phrase sur mon pays : « Le propre de la guerre est qu’elle est sale, mais celle qui se passe au Congo est tellement odieuse ». Aujourd’hui, j’approuve sa thèse, car le degré de mon indignation face à la guerre inutile qui mine ma région a atteint son paroxysme.
Une semaine après la victoire militaire de l’armée loyaliste, les FARDC (Forces armées de la République démocratique du Congo) appuyées par la brigade d’intervention de la Monusco (Mission de l’ONU pour la stabilisation en République démocratique du Congo) contre les rebelles du M23 qui occupaient illégalement le territoire de Rusthuru, vingt mois durant; la nouvelle à couper le souffle est tombée – comme un cheveu dans la soupe – dans mes oreilles :
Près de cent militaires rwandais ont investi le sol congolais dans la localité de Murambi située dans le territoire de Nyiragongo à environ trois kilomètres de la ville de Goma, le 11 novembre 2013. Et comme si cela ne suffisait pas, une autre information diffusée à la radio onusienne, la radio Okapi, antenne de Goma faisait état d’un assassinat par des rebelles ougandais des ADF-Nalu dans le territoire de Béni, de trois civils qui revenaient de leurs champs. Sans oublier, le rapt toujours grandissant et aujourd’hui, on parle de près de 800 civils enlevés (femmes, médecins, prêtres, enfants, etc.) des actes revendiqués depuis 2010. Jusqu’à ce jour, rien n’a été fait pour les extraire des mains de ces rebelles.
Même en rêve, ce genre d’information agace plus d’un. Le hic, c’est bel et bien vrai, les faits se sont produits.
La mesquinerie du pouvoir actuel congolais frise une trahison sans précédent. Sinon, comment face à ce problème très sérieux de menace d’intégrité du territoire national, de porosité des frontières, d’enlèvements de centaines de citoyens et de misère indicible de la population, conséquences de tous ces maux. Rien de rassurant – du genre déclaration de l’Etat de guerre contre le Rwanda, l’Ouganda, etc.- ne fuse à Kinshasa, le siège des institutions.
Cette illustration me paraît idoine pour expliquer ce phénomène.
Un propriétaire d’une maison constate que quand il pleut, sa résidence suinte le long des murs de la chambre de ses enfants. Au lieu de décider d’identifier le trou sur son toit et obstruer le passage de l’eau à l’avenir; non seulement il se met à maudire le ciel pour avoir fait tomber la pluie, mais également il prie et demande à « dame la pluie » de ne pas tomber dans le futur, ou si c’est le cas, en tout cas pas chez lui.
Aidez-moi à qualifier cette misère mentale, manque de réflexion ou carrément folie, si on veut vraiment appeler le chat par son nom.
(Ses enfants diront tout simplement et sans ambages, il y a danger, nous avons des parents irresponsables. Prenons nous-mêmes les choses en main, sinon, nous mourons.)
Si ce n’est pas du cynisme, c’est de l’irresponsabilité politique que d’attendre une solution politique à une agression manifeste. Alors que l’on sait très bien que le monopole de la violence revient à l’Etat, aux forces de sécurité. Depuis quand on négocie avec Satan, le ciel. Soit on se complaintt à la vie de l’enfer ou carrément on prend Satan pour Dieu. De deux choses l’une.
Pour revenir à notre sujet, Kinshasa doit des explications à la population longtemps meurtrie de l’est de la RDC. Les méthodes efficaces, pour qui veut écouter et qui ne se prend pas pour savant, existent pour mettre fin de manière durable à ce cycle de violence nous imposée. Des millions de morts, des femmes violées, des milliers de réfugiés et déplacés internes et une psychose du chaos permanente. Trop c’est trop. Si la tâche s’avère ardue et au-dessus de leurs capacités physiques et mentales, un conseil d’ami, démissionnez déjà ou le peuple vous y contraindra. Bien que ce mot soit exclu si pas méconnu d’hommes politiques du continent, mais vous conviendrez avec moi que le mot démocratie est aussi étranger à l’Afrique. Donc il n y a pas d’excuse devant une trahison avérée.
Nos forces de sécurité ont subi de formations appropriées pour renforcer leurs capacités par les Belges, les Chinois, etc. L’embargo sur l’achat d’armes a été levé pour la RDC, ne nous trompez pas. Pourquoi assiste-t-on de manière impuissante au massacre des citoyens ? Vous me direz, oui la communauté internationale (favorable au processus politique pour une paix en RDC) s’est beaucoup investie dans la crise congolaise (avec l’avènement de la plus grande mission onusienne déployée chez nous depuis quatorze ans déjà. La Monusco pour ne pas le citer) et que par conséquent, nous sommes tenus de leur informer au préalable de toute entreprise de guerre chez nous. Je récuse en bloc cette croyance impérialiste. Nulle part, dans la charte des Nations unies, il n’est stipulé que les pays membres sont dépendants du Conseil de sécurité en matière de paix et sécurité. Tous les Etats du monde sont tenus – du moins pour ceux qui y croient – d’exercer leur souveraineté à tout temps.
Un autre argument, je le qualifie souvent de puéril, et que certaines de mes connaissances ne cessent d’alléguer; quand on parle paix chez nous : « La guerre c’est la dernière solution à envisager dans toute crise, car les dommages tant humains que matériels sont incalculables ». Aujourd’hui je réagis, car le Congo, mon pays connaît une longue crise, exceptionnelle au monde. Dans la situation actuelle que nous vivons au Kivu, de ni paix, ni guerre, nous mourons. Le sang des innocents coule à flots, des milices populaires se créent au jour le jour pour pallier ce déficit de présence d’Etat dans tous les territoires du Kivu, mais en vain. On tombe dans le piège de toutes les rebellions du monde, tuer les civils, piller, violer pour se faire entendre.
Il n y a pas de développement sans paix. La paix c’est le nouveau mot du développement, disait un philosophe.
On dit souvent que la démocratie suppose le pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple.
Je me considère comme peuple et j’ai dit.