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Espèce de dignes citoyens !!! Histoire de la Lucha

Photo @luchaRDC - Chantal Faida

On ne le dira jamais assez, le Congo changera quand les congolaises et congolais prendront leur destin en main et décideront du sort de leur avenir. Le maître mot ; Changement !

On a beau critiquer la gouvernance mais rien n’a changé au pays de Lumumba. Il est plus que temps le citoyen congolais changer son fusil d’épaule, qu’il laisse parler ses ACTIONS.  

La paix n’est pas qu’une belle idée. C’est une sérénité morale, une quiétude sans failles, une tranquillité incontestée, une pensée constructive, une action efficace entreprise, un rêve …

21 septembre 2014, il est 12h45, le soleil est très fort. Sous l’ombre d’un avocatier à Goma, notre belle capitale, de retour de l’Eglise, je me remets à dévorer ce livre poignant du camerounais Achille Membe, « Sortir de la grande nuit, essai sur l’Afrique décolonisée », quand tout d’un coup, mon téléphone sonne ;

  • Allô ch.f
  • Oui, allô ma copine, Ca va ?
  • Non ca ne vas pas,
  • Qu’y a-t-il ?
  • Ils sont aux arrêts,
  • Oh non ! Qui es ce et pour quelle cause ?
  • John Anipenda, Simon Mukenge, et Justin Kikandi de la lucha ! Ils ont choisi de célébrer la journée de la paix sous le signe d’un hommage rendu aux dignes soldats, officiers supérieurs Bahuma et Mamadou tombeurs du mouvement rebelle M23 en 2013. En l’espace de 8 mois, ces deux figures de proue de l’armée sont morts dans des circonstances jamais élucidées, une situation qui frise la trahison … Au travers de messages mobilisateurs, exhibés au lieu où se tient le « concert de la paix » avec la star afro-américaine Akon, les services de sécurité sont intervenus pour interpeller ces jeunes intrépides et là ils viennent d’être acheminés au commissariat de la police de renseignement. Il y a urgence, il faut agir …

Gouvernants, gouvernés tous ont un rôle à jouer pour faire bouger les lignes. A Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, ce groupe de jeunes indignés, révoltés a compris cela et tente depuis mars 2012 à agir positivement dans la non violence pour revendiquer un Congo digne et puissant ; Congo nouveau, locomotive de l’Afrique émergente. Mais à quel prix ?

J’ai eu la chance de participer à l’audition des camarades militants de la lucha au bureau de la police. Dans une salle à peine éclairée, l’officier de police judiciaire (OPJ), Mutombo André (nom d’emprunt) était serein et imperturbable. Trouvez ici le condensé enjolivé de la conversation.

OPJ : Qui êtes vous ? Où étiez-vous lors de votre interpellation par nos services de renseignement ?

Luchéens : Ni otages du passé. Ni esclaves du présent. Ni mendiants de notre avenir !  Nous sommes avant tout un esprit, une foi. La lucha ! la Lutte pour le changement. Nous militons pour la justice sociale et la dignité humaine. Nous avons estimé qu’en ce jour mémorable de la paix, il était judicieux de rendre un hommage mérité aux héros de la République qui ont combattu jusqu’au sacrifice suprême pour un Congo stable et apaisé après deux  décennies de guerre. Le lieutenant général Bahuma Ambamba et le général Mamadou Ndala. Le Congo de nos rêves. Danser, chanter, fêter la paix alors qu’en réalité l’insécurité se vit avec acuité dans plusieurs parties du pays est absurde.

OPJ : Réponses furtives ! Que les choses soient claires, nous sommes devant les instances judiciaires de la république. Point n’est besoin de considérer ce lieu en une salle de théâtre. Lucha QUID ? Qui est votre patron.

Luchéens : Nous sommes le changement que le Congo attend. Partout où la déraison a abondé, il convient que la raison surabonde. Tenez par exemple, précise un militant « J’ai 27 ans, et depuis que je suis né, je ne sais pas à quoi ressemble la paix. Tout ceci est révoltant sans qu’on ne se fasse manipuler par qui que ce soitNous sommes un mouvement civique non violent mais actif. Une lutte noble.

OPJ : D’où tirez-vous cette légitimité de lutter pour l’ensemble de la population ? Quels documents détenez-vous ?

Luchéens : La rage naît pour faire cesser un scandale. Surtout dans un pays où l’on meurt de soif au bord de l’eau, où l’on crève de misère dans une nature fertile et où l’on crie à la pauvreté à côté des montagnes d’or, de diamants, de cuivre ou de coltan, écrivait M. Séguier dans Révoltes constructrices pour le Congo.  Chez nous à Goma, depuis belle lurette, la population n’a pas de sécurité, de justice, d’eau, d’électricité, d’emploi, de routes et ce en dépit de multiples impôts et taxes versés au trésor public. Rester indifférent face à cela revient à être complice car dit-on quand l’injustice est la règle, la résistance devient une loi. Pas besoin d’être légalisé pour un mouvement qui se veut un groupe de pression, c’est constitutionnel.

OPJ : Croyiez-vous que les services de sécurité n’étaient pas en droit de vous interpeller pour éviter un incident en ce jour où tout Goma vibre au rythme de la fête de la paix ?

Luchéens : « Si nous étions à 500 jeunes ou 1.000 jeunes, pareilles interventions de la police n’allaient pas advenir. Néanmoins, il vaut mieux manifester à 30, 40, 50 engagés pour un idéal commun que 200 ou 600 sans vision commune. L’Etat brille par son absence quand il faut accomplir ses devoirs mais quand il faut réprimer les manifestants non violents, il est présent avec une artillerie lourde, un peu comme utiliser une bombe pour tuer un moustique au lieu de consacrer ces moyens à la défense de l’intégrité territoriale. Pathétique pour un pays qui se veut démocratique.

Prison, coups et blessures, moqueries, extorsions des biens, appareils photo, caméra, méfiance et indifférence des décideurs sont là les réactions qui forgent et édifient la plupart d’entre nous. Un militant de marteler, je dois donner tout ce qui est à mon pouvoir pour ce pays dont j’ai la nationalité. Le changement ne tombera pas du ciel. Nous sommes le changement que nous attendons. Il y a un prix à payer pour toute lutte vitale, le risque est inhérent à la vie de tout humain. Sans sacrifice pas de résultats probants…

La conversation s’est poursuivie jusqu’à ce qu’un coup de fil est intervenu pour; à notre grande surprise exiger qu’on libère ces jeunes qui n’ont violé aucune loi du pays. La mobilisation sur les réseaux sociaux, @luchaRDC, l’implication des personnalités intègres et le lobbying des defenseurs des droits de l’homme ont beaucoup aidé. En toute fierté, ils ont recouvré la liberté.

Conscientisation, organisation, mobilisation sont là les stratégies mises en place au sein de la Lucha pour changer l’ensemble de la RDC.

Dignes citoyens, Debout !!!

Un dimanche exceptionnel, une page de l’histoire s’est ouverte dans les annales de la RD Congo…

Photo @luchaRDC
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