L’insécurité le soir à Goma ? Pas que la faute aux militaires…
Être dehors à des heures avancées à Goma, dans l’est de la RDC, relève d’un exercice aussi risqué que périlleux depuis quelque temps. Les raisons de cette insécurité dans les lignes qui suivent.
Pillages, extorsions de biens, passages à tabac, voire tueries rythment les soirées noires de notre belle capitale du Nord-Kivu. L’époque où on se réfugiait auprès des services compétents en temps d’insécurité est morte de sa plus belle mort.
Le pire, c’est qu’il semblerait que nos propres forces de sécurité soient les coupables de ces actes. Leurs hommes se comportent en maîtres absolus parce qu’ils sont armés.
Des militaires et des policiers qui ne sont pas assez payés
En l’espace d’une semaine, trois personnes ont été retrouvées mortes. Les militaires loyalistes seraient coupables de ces meurtres à en croire Thomas d’Acquin Mwiti, président de la Société civile du Nord-Kivu, qui soupçonne une infiltration au sein de l’armée régulière et demande de toute urgence un assainissement.
Pourquoi de tels actes ? Peut-être à cause dufaible montant des soldes des militaires et des policiers qui s’en prennent alors à la population pour vivre, mais aussi, au niveau de la prévention, le manque de fourniture en électricité dans plusieurs quartiers de la ville. En somme, c’est un problème de gouvernance.
« Ils disent qu’ils ne peuvent pas manger une carte d’identité«
Une victime rencontrée au bureau du commissariat du quartier Himbi – alors qu’elle portait plainte – délivre un témoignage percutant : « Toutes les fois quand je circule la nuit, dès que croise un militaire, une peur mêlée d’inquiétude me hante automatiquement. Tout ce qu’ils m’exigent, je leur donne sans hésiter. Mais ils disent qu’ils ne peuvent pas manger une carte d’identité. Cigarettes, café, crédits de téléphone et motivation patriotique aident à augmenter leur compassion. »
« Mais un simple refus d’obtempérer,et les conséquences sont lourdes avec le risque de perdre sa vie pour un simple téléphone. Quand on paupérise toute une armée, c’est la population qui en pâtit », ajoute-t-il.
Depuis la capitulation du mouvement rebelle M23, Goma était pourtant devenue un havre de paix.
Cet article a d’abord été publié sur le site de la RNW