Construire la paix en 3 jours: Leçon inédite du Festival Amani
30.000 âmes, 350 volontaires, 80 associations humanitaires, 40 artistes valeureux et groupes de danse de renom, 20 jeunes entrepreneurs, 1.000fc, le 12,13, 14.02.2016 ces chiffres formulent un vœu, un esprit, une passion : l’amour synonyme de la paix.
Danser pour changer, chanter pour la paix, les artisans de paix bâtissent un havre pacifique, une seule pierre qui est le terreau, le limon et la fondation de l’édifice : l’ART
Crimes odieux, meurtres crapuleux, assassinats crasseux, viols ignobles, pillage éhonté des ressources naturelles, bref, une orgie de malheur, un noir luisant couvre la région du Nord-Kivu depuis des décennies. Pourtant, le peuple qui y survit fait montre d’une résilience déconcertante. Désormais une lumière luit dans ce milieu sombre, un espoir du lendemain radieux.
Une fête à laquelle on convie toute la jeunesse à un prix modeste. 1.000 fc. L’on ne peut s’attendre à des recettes matérielles impressionnantes au regard du coût investi. Le profit est spirituel. Le festival AMANI, (paix en swahili) est à sa troisième édition. Trois prouesses sont remarquables. Celles-ci sont en même temps les raisons majeures d’y prendre part à chaque édition. C’est mon opinion.
Expérience unique
La vigueur, la rigueur, l’énergie positive se met au service de la transformation sociale. Le jeune de Goma est devenu un don précieux pour les autres au travers du volontariat. Et oui, depuis le jour où j’ai appris que ces 350 visages hospitaliers, mains courageuses, voix mobilisatrices, pieds infatigables, yeux au regard inextinguible étaient justes volontaires, j’ai eu un sentiment de joie, de fierté et de respect. Au moins la jeunesse s’éveille en accompagnant de grand cœur une initiative de paix. C’est une immense expérience que l’on acquiert en servant dans une organisation à but non lucratif. Travailler sous pression et pas seulement s’apprends mieux sur terrain.
Occasion rare
Promouvoir le vivre ensemble. Il n’est un secret pour personne, la musique est un vecteur fédérateur de cultures. Tous les goûts sont servis à satiété. Du traditionnel au moderne, il n y a qu’un pas. Rassembler par la culture.
Kahindo Fidèle n’a jamais raté un seul moment du festival :
« Je suis fan du sebène (danse populaire et en groupe souvent chanté par Werrason,) et de la rumba (Koffi Olomide). Je me fiche éperdument de savoir de quelle tribu est issue mon artiste favorite, ce qui m’importe c’est la mélodie douce après une longue journée désespérée dans cette région instable. Je suis impatiente de vivre en live la prestation de tous ces talents locaux et même régionaux que nous offre cette grand-messe culturelle. Qu’il soit noir, jaune, grand, mulâtre, étranger, … j’accueille tout celui qui promeut la tradition, la paix et la fête.»
Idées novatrices
Chanter est un don, danser est un talent. Pour un jeune qui manque ces qualités rares, une place de choix est réservée pour lui. L’explosion du potentiel caché dans le domaine entrepreneurial.
La grande équipe du Festival Amani a innové dans sa programmation. Pas de micro, pas de scène mais un stand où le jeune tiré après sélection expose son idée d’affaire et hop, un soutien lui est garantit pour démarrer son entreprise dans la vision d’être acteur de changement. 4 projets novateurs ont reçu l’appui de 1 million de francs de la part des organisateurs du festival.
« Nous réalisons que ce que nous accomplissons n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan. Mais si cette goutte n’existait pas dans l’océan, elle manquerait. » Mere Teresa. Consolider la paix par l’art est une action extraordinaire car si elle manquait Goma sombrerait dans son passé noir sans moment de joie, de fête et de partage d’idées. Il y a une fin à toute chose, peut-être que le Congo s’achemine vers une situation durable. Une chose est de combattre la violence, une autre est de promouvoir les valeurs de paix. Amani Festival est une initiative à encourager.