Tempête à la BIAC, la surveillance bancaire en cause ?
45 ans d’existence, 3ème banque en termes de total bilan, soient 511 milliards de francs congolais, 150 agences sur toute l’étendue de la RD Congo, une main d’œuvre estimée à plus de 1.200 salariés, 400.000 comptes ouverts dans ses livres, la Banque Internationale pour l’Afrique au Congo (BIAC) occupe près de 67% de parts dans les flux entrants western union (5ème niveau africain). 40 milliards de francs congolais, c’est le financement alloué par la Banque Centrale Congolaise à la BIAC qui vient d’être coupé depuis quelques mois. Résultat, bonjour la banqueroute. L’on se réfère ici, au passage de sa gestion dans les mains des cadres de la BCC, une mise sous tutelle provisoire en vue du redressement financier.
Si l’on n’y prend pas garde, la crise qui secoue en ce moment la BIAC risque d’embraser l’ensemble du système financier congolais dont l’inclusion financière est estimée à seulement 5%. La menace se généralise, une solution globalisante doit être pensée!
Le scénario est tel que : La confiance placée dans le système bancaire va chuter dans le chef de congolais, ces derniers iront retirer leurs mises en banques, situation qui débouchera sur une crise de liquidité généralisée et influera sur le taux de change. Les banques à leur tour seront contraintes de procéder à des ventes des gages étant donné que l’insolvabilité sera en hausse. L’immobilier sera touché par la même occasion. Des réajustements structurels seront initiés et des licenciements massifs s’en suivront. Le rétrécissement du pouvoir d’achat et la consommation des biens et services des salariés nous amènera à la crise généralisée.
Comment on est en arriver là ? Quel comportement devra adopter les acteurs ? Comment étouffer dans l’œuf une si grande crise à l’aune d’une forte instabilité économique? Réponses ici avec l’expert-analyste économique Armand Lambert Kitenge PDG de Synergy Group et de la fondation entreprendre à Kinshasa.
Kongo Yetu : Mr A.L. Kitenge, en peu de mots que peux-t-on retenir du tumulte financier qui secoue la banque BIAC.
Al Kitenge : Une faute de plus du système financier congolais en général et bancaire en particulier avec des responsabilités de part et d’autre. Etat et actionnaires. Un risque majeur pour tout le système.
Kongo Yetu : Ce risque pouvait-il être évité ? Quelle est la panacée ?
Al Kitenge : Une action prompte de la Banque Centrale du Congo au moment où les critères prudentiels étaient entrés en déséquilibre. Aussi, la rigueur dans la surveillance. L’opinion publique ne joue pas son rôle …
Kongo Yetu : Dans la situation actuelle d’extrême fragilité du système financier congolais, quelle doit être le comportement des clients, des banquiers et de l’Etat ?
Al Kitenge : Clients, la prudence et l’exigence vis-à-vis de l’Etat pour structurer le Fonds de protection de l’épargne. Les banquiers, le respect scrupuleux des règles, l’Etat au travers de la BCC, monter le capital minimum exigé par banque à 150 millions de $ et pousser les petites banques à se mettre ensemble.
Kongo Yetu : La prudence pour les clients, est-ce qu’ils doivent continuer à faire confiance au système financier ou le contraire ?
Al Kitenge : Pas le choix… ils doivent garder confiance et se montrer prudents.
Kongo Yetu : D’aucuns pensent que l’extraversion de l’économie congolaise est à la base du faible taux d’épargne. Ne pensez-vous pas que c’est aussi le nœud du problème ? D’autant plus qu’on ne produit pas assez localement les ressources que nous extrayons dans notre sol et sous-sol. On importe plus. Ce qui signifie, déficit de rentrée de devises et hausse de la parité de change?
Al Kitenge : Ceci est un non sens et n’a pas de lien avec la faillite de Biac.
La Suisse ne produit rien de matériel…
Kongo Yetu : Une dernière question, peux-t-on recourir à la planche habillée pour sauver les meubles à la biac?
Al Kitenge : non en tout cas pour sauver la BIAC. La BIAC a besoin des capitaux frais au niveau de l’actionnariat puis de lignes de crédit opérationnelles, ça pourrait être des capitaux privés…
Kongo Yetu : Merci beaucoup.