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RDC: Notre Simon Kimbangu c’est leur Mandela

RDC- Notre Simon Kimbangu c’est leur Mandela - Chantal Faida et Docteur Kä Mana

L’ancien président sud-africain Nelson Mandela (95ans) est dans un état de santé grave mais stable et cela depuis trois mois déjà. Pendant 67 ans, le prix Nobel de la paix, a lutté contre l’apartheid (la domination des blancs sur les noirs et des noirs sur les blancs, ndlr). Plus qu’un simple nom, Mandela c’est tout un symbole, une lutte, un combat, un courage… Mandela c’est aussi le pardon, la tolérance, la réconciliation, l’amour et la paix.

Une des façons de dire merci à Mandela, en ce jour, c’est de l’imiter, de marcher sur ses traces. Godefroid Ka Mana, professeur d’université, pasteur et philosophe congolais vivant à Goma, nous livre ici le secret de la réussite de Mandela et les pistes à suivre par la jeunesse congolaise qui rêve un changement.

Professeur Kä Mana - Chantal Faida
Professeur Kä Mana – Credit: Radio Revolution Panafricaine

Professeur Kä Mana, vous êtes penseur et philosophe africain d’origine congolaise. Selon vous qui est Nelson Mandela ?

Chantal Faida

Kä Mana : Toute personnalité a une dimension réelle et une dimension mythique. Mais la personnalité de Mandela incarne une certaine Afrique dans sa grandeur. Une identité qui doit se faire respecter. Il incarne la liberté et une éthique politique qui démontre aux jeunes qu’une certaine Afrique est possible.

N. Mandela a milité pendant longtemps pour la cohabitation entre noirs et blancs en Afrique du Sud ? Qu’es ce que cela vous inspire ?

Chantal Faida

Kä Mana :  » Mandela était un gigantesque rêveur. Il a rêvé la libération des noirs d’Afrique du Sud. Il a voulu construire une Afrique du Sud Arc-en-ciel. Il a mis en valeur les idées de pardon, pour construire une grande nation. L’idée de la patience constructrice, une vision pratique. Il était un rêveur utopiste et un réaliste pragmatiste. Ses 27 années passées en prison, il n’aime pas en parler parce qu’il a pardonné et en a transformé en un désir de construire. Une expérience qui l’a forgé et qui a fait de lui un leader charismatique. Un approfondissement du sens de la révolution. Un homme pareil on en a tous le 5 siècles.

Mandela un rêveur et un leader charismatique. Pensez-vous que le Congo n’a jamais connu un homme pareil ?

Chantal Faida

Kä Mana : Oh oui. Simon Kimbangu a passé plus d’années en prison que Mandela. Il a incarné la volonté d’indépendance au travers de la spiritualité. Notre Simon Kimbangu c’est leur Mandela. Je cite aussi Patrice Emery Lumumba. Ce dernier a incarné une vision capable de parler de la liberté et de la grandeur. On en a d’autres.

A part ces grandes figures congolaises de renom historiques, pouvez-vous nous citer d’autres personnalités qui suivent les pas de leaders charismatiques pour conduire le peuple congolais vers un idéal partagé. Surtout pour notre province du Nord-Kivu qui a connu plus de deux décennies de conflits armés ?

Chantal Faida

Kä Mana : Au Kivu, on a besoin de personnalités qui ont conscience des enjeux. Si Mandela a réussi, c’est parce qu’il était entouré d’autres militants dynamiques. D’aucuns s’appuient sur la prémisse que c’est la guerre qui déterminera notre vision de la paix, eh bien , non, c’est le retournement. Avec d’autres personnes, il faut construire la dynamique du pardon, de la vérité et de la réussite.

Un jeune nord-kivutien qui veut incarner le personnage de ce grand Leader, quel comportement doit-il adopter ? 

Chantal Faida

Kä Mana : Mandela avait la conscience de l’inacceptable avec l’apartheid. Il s’est indigné, il s’est révolté face à l’inacceptable, il s’est engagé dans un groupe et il a milité dans un parti politique, l’ANC (African National Congress) et il a donné sa vie à cette lutte et a développer le sens de l’action. Un jeune qui veut imiter Mandela doit suivre ce schéma. S’engager dans des groupes politiques d’action ou carrément le créer.

Au Nord-Kivu, la question d’identité meurtrière bats son plein. Comment pensez-vous un changement dans un contexte pareil ? Toujours à l’exemple de Nelson Mandela, le prix Nobel de la paix.

Chantal Faida

Kä Mana : Mandela a commencé sa lutte comme un noir qui lutte contre un système de blanc et il a fini par un retournement quand il a vu que les identités meurtrières ne menaient à rien. Le potentiel identitaire constitue une richesse. Chaque ethnie doit chercher ce qu’il a de positif et l’offrir à la communauté toute entière. En regardant aujourd’hui l’Afrique du Sud, nous nous retrouverons face à un peuple indomptable qui a une forte capacité de résistance et une spiritualité de lutte.

Chantal Faida: Professeur Ka Mana, Merci.  »

Propos recueillis par Chantal Faida

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