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RDC : femmes, citoyenneté et consolidation de la paix

Femmes noires en marche sur la rue - Chantal Faida

Mardi 6 novembre 2013, une marche pacifique pour saluer les hauts faits d’armes, la victoire des FARDC (Forces armées de la République démocratique du Congo) sur les rebelles du M23 et donc la paix retrouvée au Nord-Kivu a vu la participation des centaines de milliers de femmes dans la capitale congolaise. Un mémorandum a été remis au président de l’Assemblée nationale et à la ministre du Genre. En marge de cette manifestation grandiose, une forte délégation de femmes venues du Nord et Sud-Kivu ont rencontré les élus nationaux de ces provinces pour leur faire part de leurs inquiétudes quant au respect du genre dans les postes stratégiques, une opportunité d’échange qu’elles ont saisie.

Un tableau statistique du niveau de sous-représentation des femmes en province du Nord-Kivu a été présenté au cours de la réunion.

  • Une seule femme députée provinciale sur 42 hommes,
  • Aucune femme gouverneure ou même adjointe,
  • Aucune femme, maire de ville sur les trois villes que compte la province, sauf à Béni où il y a une maire adjointe,
  • Une femme bourgmestre sur les deux communes de la ville de Goma, chef-lieu de la province,
  • Six femmes chefs de division sur un total de 56 postes,
  • Une seule femme administratrice du territoire à Walikale et une adjointe à Rusthuru  et à Lubero,
  • Une femme directrice d’une entreprise publique (DGI-N/K) sur un nombre élevé d’hommes occupant le même poste.

La volonté politique manque chez les décideurs congolais

La lutte des femmes congolaises pour leur intégration  dans les instances de prise de décision force l’admiration de plus d’un. Politiciennes, membres de la société civile, artistes, jeunes, toutes travaillent sans relâche (sensibilisation, campagne de conscientisation de leurs pairs tant en milieu rural qu’en milieu urbain et autres formations sur le rôle du genre dans la société) pour la reconnaissance de leurs compétences en vue de la construction d’un Congo grand, fort et prospère.

Les réactions de leurs partenaires hommes ne sont pas encourageantes. Selon Kakule M., acteur politique à Kinshasa « elles  font un peu trop de bruit sur l’importance du genre,  alors que très peu d’entre elles sont préparées à assumer les postes de responsabilités qu’elles revendiquent ».

« Cet alibi du déficit des femmes ne tient pas. Elles sont capables autant que les hommes d’occuper des postes stratégiques . Car nous les avons tous vus à l’œuvre des lustres durant, et notre pays est toujours à la traîne des autres nations émergentes même dépourvues de  richesses naturelles. Elle poursuit : « Le leadership, la pugnacité et l’intégrité sont des vertus sans sexe. Hommes ou femmes peuvent en avoir de façon tout à fait équitable. Ce qui manque à nos décideurs, c’est la volonté politique, ni plus ni moins ; et c’est l’objet de notre combat. »

Henriette N. actrice de la société civile à Goma a très vite réagi 👆

A côté de ce manque de volonté politique, les pesanteurs culturelles influent sur le caractère discriminatoire de la femme dans la société congolaise.

Des textes oui, mais tant qu’ils ne sont pas appliqués, il n y aura aucun changement

L’égalité dans l’accès à l’éducation, à la justice, à la propriété, au crédit, à l’emploi, à l’héritage, dans le mariage ; la plupart de ces droits sont compromis par des dispositions ou carrément foulés aux pieds par ceux qui  devraient les mettre en pratique. 

« Ce n’est pas une faveur que de reconnaître les mérites de femmes, mais c’est un droit inaliénable. Nous sommes nés égaux devant Dieu et les hommes. La femme c’est une force et un pouvoir. L’ignorer n’est rien d’autre que du cynisme pur. » 

Jolie H. artiste de Goma m’a confiée 👆

Pourtant, il existe au Congo et dans le monde entier, des textes garantissant l’équité des droits hommes-femmes. L’article 14 de la Constitution congolaise qui stipule que la parité homme-femme doit être respectée en milieu professionnel, une loi de protection de femmes contre les violences basées sur le genre a été votée en juillet 2006, le récent discours du chef de l’Etat congolais qui a insisté sur le respect de 30 % de représentativité des femmes dans les instances tant publiques que privées et la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations unies sur les femmes, la paix et la sécurité. Tout le monde le sait, le Congo est un cimetière de beaux textes qui souffrent de non-mise en oeuvre. Les élus ont promis de se pencher sur la question.

Pour ces femmes, pas question de lâcher la lutte, elles envisagent même de rencontrer le chef de l’Etat pour lui faire part de leurs revendications, surtout en cette période où la mise en place d’un gouvernement de cohésion nationale est en cours. Leur rêve, une femme à la tête de la primature. Un rêve idéal, mais réalisable tout de même ?

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