Le cinéma se conjugue au féminin à Kinshasa
La troisième édition Festival du Cinéma Féminin a vécu à Kinshasa du 18 au 25 juin 2016. Un franc succès, honneur au talent des femmes.
Qui sont ces héros qui pensent, écrivent et réalisent tous les scénarios que nous voyons avec un brin d’espoir, d’amertume, de colère noire, de sourire, de joie et parfois, avec des larmes de sang, des larmes artificielles ou des larmes de crocodiles. Le film, le cinéma, le documentaire, le long ou court-métrage, ce résultat apprécié qui cache son producteur jusqu’à aduler les acteurs qui ne font qu’interpréter un rôle donné.
Très souvent on ignore, à dessein le réalisateur, le géniteur de notre liesse ou de notre douleur.
Je suis allée à la rencontre de celle qui a décidé de rompre d’avec cette paresse scientifique, celle qui déroule le tapis, et mets sous les projecteurs ceux qui sélectionnent les visages du 7ème art pour amplifier une douleur, transformer un rêve et susciter un espoir.
Une innovation spéciale parce qu’elle est femme et promeut les femmes réalisatrices.
Trois questions à Clarisse Muvuba, promotrice du CINEF-RD Congo et fondatrice de l’Association des Femmes Cinéastes Congolaises (AFCC).
Kongo Yetu : Mme Clarisse, quelle est l’innovation CINEF 2016 par rapport aux deux éditions passées ?
Clarisse Muvuba: La première édition était consacrée aux films produits et réalisés par les congolaises d’ici et d’ailleurs.
La deuxième s’est différenciée de la première par une récompense des meilleurs films documentaires, fiction et meilleure actrice congolaise. Elle était ouverte à toutes les Africaines avec comme invitée d’honneur ; l’actrice Nigériane Omotola Jalade.
Et la troisième est particulière avec comme thème: les séries télévisées et la famille. Il y a eu un accent sur les séries, avec la présence de Hervé Gouene, alias Ismael dans l’as du lycée. Et cette année, tous les films du monde entier étaient conviés et nous avons eu à élargir la compétition qui n’était que Congolaise mais africaine avec huit récompenses: meilleur scénario congolais et étranger, meilleure actrice long métrage et court métrage, meilleure productrice, meilleur film étranger, meilleur film du public Kinois et espoir Cinef.
Kongo Yetu : Qui sont les actrices principales du CINEF et quelle est la procédure de sélection ?
Clarisse Muvuba: Les productrices, réalisatrices, scénaristes et actrices. Les cinéastes (homme) qui ont traité un sujet dont la thématique tourne autour de la femme.
Les films provenant de l’extérieur doivent répondre aux normes internationales par contre les films qui nous viennent des provinces de la RDC sont sélectionnés compte tenu de la situation géographique. Car l’objectif du Cinef est de créer un réseau entre les cinéastes congolaises et ainsi les permettre de montrer leur œuvre aux Kinois. Voilà pourquoi, il y a pas trop de rigueur en ce qui concerne la sélection locale.
Kongo Yetu : Passion pour le cinéma, idée CINEF, les partenaires et les défis ?
Clarisse Muvuba: Depuis toute petite, je rêvais d’être actrice. Quand j’ai commencé à fréquenter l’INA (Institut National des Arts), plus précisément la section art dramatique, je n’ai pas aimé ce langage d’être prêt à tout quand on est acteur. Et j’ai découvert qu’on est mieux dans l’ombre et qu’on se fait un malin plaisir de créer le monde à notre façon. Alors j’avais décidé d’être réalisatrice.
L’idée du Cinef ne vient pas seulement de moi, nous étions quatre réalisatrices qui avaient les mêmes besoins ; avoir un espace de diffusion de nos œuvres, pouvoir s’entraider et créer un réseau pour toutes les cinéastes congolaises. On a mis en place l’Association des femmes cinéastes congolaises afin d’avoir un cadre juridique. Comme j’étais la plus expérimentée, j’ai été nommée présidente de l’Association et coordonnatrice du festival.
Il y a l’ambassade de France qui est notre premier partenaire depuis la première édition. Canal + RDC et la délégation Wallonie Bruxelles internationale l’ont rejoint à la deuxième édition. Il y a aussi l’hôtel de ville de Kinshasa et l’Institut Français qui nous accompagne en termes d’espaces.
Les défis sont énormes, avec un budget très minime, on arrive toujours à concrétiser les activités envisagées mais c’est se tuer à petit feu car on sacrifie tant des choses pour maintenir l’organisation au top. Le CINEF s’est donné une mission qui est celle d’amener une star au public Kinois dans le but d’amener ce public à s’intéresser au Cinéma.
Kongo Yetu: Compliments et plein succès au CINEF!!!